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Questions Essentielles

La personne de Jésus Christ

Qui est cet homme ? Est-il vraiment Dieu ?

A la Maison Blanche, à Washington, les députés américains disposent d’une des plus grandes bibliothèques du monde. Ils s’en servent, évidemment, comme référence pour pouvoir prendre les bonnes décisions : elle est donc munie des meilleurs ouvrages dans chaque domaine. Mais un détail peut surprendre : le domaine qui compte le plus de livre, c’est celui qui traite... de Jésus-Christ ! C’est dire si la personne du Rabbi de Nazareth ne cesse d’intriguer et de peser sur la marche de l’humanité.

Les disciples également ont été interpellés, comme nous le montre l’Evangile, par leur Maître et les multiples facettes de sa personnalité qui les déroutaient. Souvent ils se sont demandés : « Qui est cet homme ? » Et nous aussi nous nous sentons interpellés par cette question : qui est-il vraiment ? Est-ce possible qu’un homme soit aussi Dieu, comme nous l’avons appris au catéchisme ?

Une dualité troublante

Pour connaître le mieux une personne, il faut s’adresser à ceux qui l’ont connu : ses parents, ses amis, ses collègues, etc. Ainsi, pour Jésus, le mieux est d’ouvrir l’Evangile et d’y découvrir ce que ses disciples ont décrit de Lui.

A ses contemporains, Jésus se présentait d’abord comme un homme « ordinaire », qui dort et qui a faim, qui se fatigue de la marche et se fait de nombreux amis, chez lesquels il s’invite tout simplement à manger. Il était grand de stature (comme le montre le Saint Suaire), robuste comme un bon charpentier de l’époque, et doté d’un grand sens de l’amitié (pensons à son ami Lazare...).

Mais en même temps, dès le début de l’Evangile, Il accomplit des miracles, et montre ainsi qu’il n’est pas tout un fait un homme comme les autres. Par exemple, lorsqu’il est sur la barque avec ses disciples, et que la tempête fait rage, il est en train de dormir, il se réveille et tout simplement... « Il menaça le vent et dit à la mer : "Silence ! Tais-toi !" Et le vent tomba et il se fit un grand calme. (...) Alors ils furent saisis d’une grande crainte et ils se disaient les uns aux autres : "Qui est-il donc celui-là, que même le vent et la mer lui obéissent ?" » (Mc 4, 39-41)

Il y a même plus : lorsqu’Il parle de lui-même, il affirme des choses inouïes que jamais autre homme n’a osé - ni n’osera - déclarer : Je suis la lumière du monde - Si vous ne mangez pas ma chair, vous n’aurez pas la vie éternelle - Moi et le Père (Dieu), nous sommes un... Si bien qu’à son procès le Grand Prêtre arrive à lui faire reconnaître ce qui lui vaudra la mort : qu’Il est bien le Fils de Dieu.
Prenons par exemple un passage de Saint Jean : dans une discussion animée avec certains Juifs qui commencent à le haïr, Jésus affirme être plus grand qu’Abraham, ce qui constitue un scandale énorme pour ses auditeurs. Nous lisons donc :

Les Juifs lui dirent alors : "Tu n’as pas 50 ans, et tu as vu Abraham !" Jésus leur dit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham existât, Je Suis." Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se déroba et sortit du Temple. (Jean 8, 57-59)
Cette expression, Je Suis, c’est le fameux Yahvé révélé à Moïse au buisson ardent (cf. Exode 3, 14). Jésus affirme donc en toute clarté sa divinité.

Nous voici donc devant LE mystère de la foi chrétienne : que Jésus soit à la fois Dieu et homme. Ecoutons un père de l’Eglise le décrire :

Le Christ quitte les splendeurs du Ciel pour habiter la terre, et lui, le fils de Dieu, ne craint pas de revêtir notre humanité. Il est l’innocence même, et il prend sur ses épaules le fardeau de nos iniquités. Il se dépouille de son immortalité, et victime innocente, il subit la mort pour le salut des pécheurs. Il jeûne quarante jours, lui qui nourrit le genre humain. Il souffre la faim, lui qui vient distribuer le pain céleste aux âmes affamées de la parole et de la grâce divine. Il repousse les tentations du démon, et, content de la victoire, il épargne son ennemi. Il fut pour ses disciples non un maître sévère, mais un frère et un ami. Il daigna laver les pieds de ses apôtres, pour nous montrer, par son exemple, nos devoirs envers nos frères. (Saint Cyprien de Carthage, Avantages de la patience, 14)

Comment est-ce possible ?

Ce mystère - Jésus Christ est à la fois Dieu et homme - est ce que les théologiens désignent par l’Incarnation, et il constitue le cœur même de notre foi chrétienne. Nous allons essayer, non pas d’expliquer le mystère (puisqu’un mystère se croit simplement, il ne peut se démontrer), mais de le décrire le plus précisément possible pour voir ce que nous croyons vraiment.

Il faut avant tout partir du mystère de la Trinité : accepter (ce pourrait être l’objet d’un autre article...) que Jésus, comme nous le dit le Credo, est la deuxième personne de la Trinité. C’est encore l’Evangile de Jean qui nous éclaire ce mystère dans son prologue :
Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. (Jean 1, 1-5)

Le mystère de l’Incarnation, c’est que cette personne divine - le Verbe, Jésus-Christ - a assumé historiquement la nature humaine : lorsque Marie a accepté la proposition de l’ange, elle a conçu du Saint Esprit et l’enfant qui a pris chair dans son sein est donc un enfant pas tout à fait comme les autres. Il est le Verbe qui s’est uni la nature humaine. C’est d’ailleurs en ce sens que Marie est Mère de Dieu : mère de Jésus-Christ, qui est Dieu. C’est ce que décrit Saint Jean dans le même prologue : Et le Verbe s’est fait chair.

En fait, deux questions peuvent nous éclairer sur ce mystère insondable :
Qui est Jésus ? La foi répond : c’est la deuxième Personne de la Trinité qui a assumé la nature humaine en Marie (et a vécu sous Ponce Pilate, a souffert, est ressuscité, etc.). En effet, lorsque nous demandons qui est celui-ci ?, nous faisons une question sur l’identité de la personne. Par exemple : qui est Napoléon ? Nous répondons une personne (un homme) qui a gagné Austerlitz.
Qu’est-ce que Jésus ? Ici la question est sur la nature de Jésus-Christ, et la foi répond qu’il est vrai Dieu et vrai homme : vraiment de nature divine et de nature humaine, c’est-à-dire qu’en lui sont unis ces deux natures. Par contre, Qu’est-ce que Napoléon ? nous répondons : un homme (une personne humaine).

A proprement parler, on ne peut donc pas dire que Jésus est un homme, dans le sens d’une personne humaine : il est plutôt une personne divine qui a assumé la nature humaine. Ceci se voit dans les paroles même de Jésus : il appelle Dieu Abba (Père) : « Et il disait : "Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux !" » (Mc 14, 36). Mais en même temps Marie est vraiment sa mère, puisque c’est elle qui l’a engendré selon la nature humaine : comme le dit Saint Paul, « quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. » (Gal 4, 4)

Voici un texte du catéchisme qui résume ce que nous venons de décrire :
L’événement unique et tout à fait singulier de l’Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni qu’il soit le résultat du mélange confus entre le divin et l’humain. Il s’est fait vraiment homme en restant vraiment Dieu. Jésus Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité de foi, l’Eglise a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles face à des hérésies qui la falsifiaient. (Catéchisme, n. 464)

Pourquoi est-ce important ?

Ce mystère de l’Incarnation est immensément plus grand que nos pensées, et l’on pourrait croire que finalement, tout cela, c’est bien compliqué... Pourquoi Dieu nous aurait-il offert une énigme si difficile à résoudre ? De fait, il a fallu six Conciles œcuméniques à l’Eglise des premiers siècles, pour arriver, après bien des controverses et des difficultés, à l’exprimer correctement...

Il faut voir ce grand mystère de l’Incarnation dans le projet global de Dieu : après la chute d’Adam, l’homme est devenu ennemi de Dieu, blessé par le péché, incapable de trouver le bonheur et de faire le bien... Or Dieu ne s’est pas résolu à l’abandonner, dans son amour de Père Il est sorti à sa rencontre, comme dans la parabole de l’enfant prodigue. Il a voulu sauver sa créature préférée, l’homme ; et non seulement le sauver en lui rendant la grâce que le péché lui avait ôtée, mais en l’adoptant comme son propre fils. En effet, et c’est là le mystère le plus grand pour notre vie, nous sommes appelés à devenir enfants de Dieu, à participer de la vie même de Dieu. Comment cela est-il possible ? Par l’adoption en Jésus-Christ. C’est ce que Saint Paul exprime si vivement :
Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! Aussi n’es-tu plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu. (Galates 4, 4-7)

Ainsi, en Jésus nous rencontrons un frère qui partage notre vie avec ses souffrances et ses misères : il a assumé pleinement notre condition d’hommes. Dans sa Passion, il a porté jusqu’au bout ce poids du péché et de la mort qui nous écrase. Mais dans sa Résurrection, il nous en a délivrés : il a vaincu la mort et rendu la vie. Désormais, par son Incarnation, un homme est au sein de la Trinité, qui participe pleinement de la nature divine. Il nous invite nous aussi à devenir ses frères (par le baptême), donc des enfants adoptifs de Dieu, et donc à être libérés du péché et de la mort. Quelle perspective !
C’est ce que le Concile Vatican II a voulu proclamer à la suite de Saint Paul :

C’est donc par le Christ et dans le Christ que s’éclaire l’énigme de la douleur et de la mort qui, hors de son Evangile, nous écrase. Le Christ est ressuscité ; par sa mort, il a vaincu la mort, et il nous a abondamment donné la vie pour que, devenus fils dans le Fils, nous clamions dans l’Esprit : Abba, Père ! (Gaudium et Spes, 22)

Vrai Dieu ou vrai homme ?

Qui est Jésus ? Il est vrai Dieu et vrai homme : deuxième Personne de la Trinité, il s’est incarné dans le sein de Marie pour notre Salut. Ce mystère est immense, il nous dépasse complètement, mais nous savons qu’il est au centre de l’histoire des hommes, et que nous sommes au moins capable de l’exprimer grâce aux paroles du Credo. Ainsi, par sa Résurrection, nous avons toute confiance en Dieu, nous devenons ses fils et nous sommes libérés du péché et de la mort.

Peut-être nous sentons-nous désemparés face à une telle grandeur ? Suivons l’exemple de Marie, elle qui a vécu quotidiennement en contact avec ce mystère : depuis la conception de Jésus (Comment cela se fera-t-il ? s’est-elle étonnée), jusqu’au jour de la Pentecôte (où elle attendait l’Esprit au milieu des disciples complètement désemparés). Elle a vu Jésus grandir, elle l’a entendu prêcher une doctrine nouvelle, et surtout elle était au pied de la Croix, ne comprenant pas mais acceptant l’épreuve, et confiant en Dieu.

... et n’oublions pas que l’Incarnation, c’est Dieu qui nous sourit dans un petit enfant à la Crèche... Heureux de nous aimer dans le silence !

En synthèse, du Concile Vatican II :
"Image du Dieu invisible" (Col 1,15), il [Jésus-Christ] est l’homme parfait qui a restauré dans la descendance d’Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché. Parce qu’en lui la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un coeur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché (Gaudium et Spes, 22)

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