Saint Honorat naquit dans les Gaules, d’une famille illustre, mais païenne. Dieu mit de bonne heure en cet enfant prédestiné le désir du baptême, et il s’y prépara par toutes les vertus qui font l’ornement de la jeunesse. Il dut tout à la grâce et à son heureux naturel, car il avait contre lui ses parents, ses amis et le milieu corrupteur dans lequel il lui fallait vivre. Jusqu’après son baptême, son père chercha par tous les moyens possibles à le détourner de la vie chrétienne ; mais, au milieu de toutes les séductions, l’invincible jeune homme se disait : "Cette vie plaît, mais elle trompe." Dès lors, Honorat vit comme un moine, le jeûne amaigrit son visage, la prière occupe ses journées.
Après quelques années d’incertitudes sur sa vraie vocation, il aborde l’île de Lérins, sur les côtes de la Provence ; les serpents la rendaient inhabitable, mais ils disparaissent sous ses pas, et cette île aride et déserte devient un jardin délicieux, embaumé des fleurs de la science et de la sainteté. Par Honorat, l’Occident a trouvé aussi en lui sa Thébaïde ; Lérins devient une pépinière de savants, d’évêques et de saints.
A la mort de son évêque, l’église d’Arles réclame un vertueux Pontife, et la voix populaire appelle Honorat sur ce siège illustre. C’est là qu’il se surpasse lui-même et retrace en sa vie, toute de zèle et de saintes oeuvres, l’image du pasteur selon le Coeur de Dieu, dont la charité n’a d’égal que le courage inflexible à défendre les intérêts de Jésus-Christ. Saint Hilaire d’Arles, son disciple et son successeur, nous a laissé de lui un magnifique éloge. Retenons-en cette belle parole : "Si l’on voulait représenter la charité sous une figure humaine, il faudrait faire le portrait d’Honorat."