L’héritage
Le Clergé avait ses représentants aux Etats Généraux. Des prêtres et des évêques ont parfois occupé des postes de décision (Richelieu, Talleyrand...). Plus récemment, l’abbé Pierre était député après la Victoire de 1945. Ces membres du clergé ont agi en tant que sujets du Roi ou en tant que citoyens, non pas au nom de l’Eglise.
Après la 2ème guerre mondiale, le MRP représentait les chrétiens démocrates (Robert Schuman, Georges Bidault...) Aujourd’hui encore, des personnes ouvertement chrétiennes sont engagées en politique.
La laïcité
Le régime de laïcité distingue ce qui relève du domaine politique et ce qui relève du domaine religieux. Le terme « laïc » désigne toute personne qui n’est pas membre du clergé. Sont laïcs autant les fidèles que les personnes agnostiques ou athées.
Le principe de laïcité repose sur des phrases de l’Evangile telles que : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22,21) ou « Mon Royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18,36).
La laïcité est une distinction et une séparation organique des pouvoirs. Il ne s’agit pas d’une opposition. Le laïcisme - qui s’oppose à toute prise de parole des fidèles (clercs ou laïcs) dans le débat politique - porte donc atteinte à la laïcité.
Concrètement, l’Etat n’a pas à imposer les structures d’une religion aux
membres d’autres confessions (athéisme imposé en URSS, charia imposé à tous en
Arabie Saoudite, au Nigeria...). La laïcité se traduit
aussi par la liberté religieuse des citoyens et par un respect réciproque des
autorités religieuses et des instances politiques.
Que dit l’autorité de l’Eglise ? (le magistère)
La politique est un service, pour « faciliter l’exercice de la liberté et de la responsabilité de tous » (Catéchisme de l’Eglise Catholique : CEC 2236).
« Là où existe une société de type pluraliste, il est d’une haute importance que l’on ait une vue juste des rapports entre la communauté politique et l’Eglise ; et que l’on distingue nettement entre les actions que les fidèles, isolément ou en groupe, posent en leur nom propre comme citoyens, guidés par leur conscience chrétienne, et les actions qu’ils mènent au nom de l’Eglise, en union avec leurs pasteurs. » (Concile Vatican II Gaudium et Spes 76, §1)
« L’Eglise (...), en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond d’aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique. » (Gaudium et Spes 76, §2)
« Sur le terrain qui leur est propre, la communauté politique et l’Eglise sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes. Elles exerceront d’autant plus efficacement ce service pour le bien de tous qu’elles rechercheront davantage entre elles une saine coopération (...). L’Eglise respecte et promeut aussi la liberté politique et la responsabilité des citoyens. » (Gaudium et Spes 76, §3)
« Il appartient à la mission de l’Eglise de porter un jugement moral, même en des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent, en utilisant tous les moyens, et ceux-là seulement, qui sont conformes à l’Evangile. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique : CEC 2246)
L’essentiel
La laïcité n’interdit pas aux fidèles de s’exprimer ni de promouvoir les valeurs humaines conformes à l’Evangile. Au contraire, puisque le principe de laïcité trouve son origine dans l’Evangile.
Cependant, s’il peut y avoir des chrétiens engagés en politique, il ne peut y avoir de « politique chrétienne », au sens confessionnel ou clérical. Est « chrétienne » toute politique humaine - qui garantit la dignité des personnes.
L’Eglise ne doit pas se substituer au pouvoir politique, mais elle peut lui apporter son concours.