1. Pendant la vie publique
Pour éclaircir cette question, ouvrons l’Evangile : Jésus, au cours de sa vie publique, choisit lui-même ses disciples, les forme, leur confère même une certaine « autorité » et les envoie en mission avec un certain nombre de pouvoirs : préfiguration de ce que seront, après sa Résurrection, les sacrements. Le passage de Luc (chapitre 10), sur l’envoi en mission des 72, est très explicite. Ainsi, leur action ne se limite pas à faire de jolis sermons, mais à distribuer à l’humanité les « médicaments spirituels » dont elle a besoin. Il y a là un geste intentionnel fort. Les paroles du Christ sont très claires. Des trois années de sa vie publique, il en a dédié l’essentiel à la formation de ce petit groupe de 12 apôtres : il savait en effet que les foules, après les émotions passagères (comme le dimanche des rameaux), se retrourneraient contre lui (pendant sa Passion).
2. Le sacrement de l’Eucharistie
Lors du premier « Jeudi Saint » de l’histoire, alors que le Christ venait d’instaurer le sacrement de l’Eucharistie, il confère la prêtrise aux apôtres : « Faîtes ceci en mémoire de moi. » En instituant le sacrement de l’Eucharistie, il crée ce qui sera une ‘re-présentation’ vivante de sa propre mort et résurrection. En même temps, il demande à certains de veiller à ce que ce mystère sacré soit répété plus tard en mémoire de lui. Pour cela, il confère à leur âme un caractère particulier, celui du Sacerdoce. Ainsi, l’origine du sacrement de l’ordre repose sur la volonté du Christ et dans cet acte explicite du premier Jeudi Saint. Le sacrement de l’ordre et le grand sacrifice de Pâques sont inséparables. Le Christ-prêtre s’est offert lui-même pour notre salut ; A travers l’Eucharistie, Jésus continue à se rendre présent à nous afin de nous donner en retour la vie éternelle.
3. Envoi en mission
Lors du premier dimanche de Pâques, le Christ ressuscité encourage ses nouveaux prêtres et leur donne le pouvoir de pardonner les péchés : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront remis. Mais ceux à qui vous ne les pardonnerez pas, ils ne leur seront pas remis. » (Jn 20, 22-23) La disproportion infinie entre la faiblesse de l’homme pécheur et la grandeur du don de Dieu nous fait comprendre pourquoi le célèbre curé d’Ars s’exclamait si souvent : « Mon Dieu, que le prêtre est quelque chose de grand ! ». Finalement, c’est Dieu qui dans la folie de son amour pour les hommes, fait confiance à quelques uns d’entre eux pour leur confier ce qu’il a de plus précieux : l’Eucharistie et le pardon des péchés.
Le sacerdoce sacramentel est un DON DE DIEU pour la communauté, qui vient du Christ lui-même, de la plénitude du sacerdoce. Cette plénitude trouve son expression dans le fait que le Christ, alors qu’il rend chacun capable d’offrir un sacrifice spirituel, appelle seulement certaines personnes et leur confère le pouvoir d’être des ministres de son propre sacrifice. C’est le mystère de l’Eucharistie, source principale de la sanctification du peuple de Dieu.
En conclusion
Cela signifie concrètement trois choses à propos de la vocation sacerdotale :
d’abord que tout le monde ne peut pas prétendre au sacerdoce. La prêtrise est d’abord un appel, un don que Dieu réserve aux âmes qu’Il a choisi. Le sacerdoce ne tire pas son origine de la communauté, comme si c’était la communauté qui « appelait ». Personne ne peut exiger le sacerdoce comme si celui-ci lui était dû.
ensuite que l’Eglise doit être très prudente dans son discernement. Avant de recevoir le sacrement si grand du sacerdoce, les hommes qui ont ressenti cet appel doivent suivre une longue formation dans des séminaires afin de discerner, mettre à l’épreuve et affermir leur désir de suivre le Christ, malgré tous les sacrifices et renoncements que cela implique.
enfin, que le ministre du Christ doit s’identifier pleinement avec la vie du Christ. Comment en effet un homme pourrait-il donner ce qu’il ne possède pas ? À travers le sacrement du Sacerdoce, le prêtre devient un « autre Christ ». C’est une très grande responsabilité qui engage le prêtre à chercher sans cesse à imiter le Christ.
Soulignons donc que ce choix de Dieu montre tout à la fois son amour pour les hommes (auxquels il donne bien au-delà de ce que l’on aurait pu rêver) et l’exigence pour celui qui reçoit ce cadeau dans un vase d’argile.