Sainte Angèle Mérici naît en Italie du Nord, à Desenzano, entre 1474 et 1478. Angèle, avec ses frères et sœurs, grandit, heureuse au sein d’une famille chrétienne, dans une vie simple et harmonieuse où travail et jeux s’équilibrent. Le soir, le père, Jean Mérici, lit à ses enfants un épisode de la vie des Saints. Ce qui marque très fort la petite Angèle. Les parents habitent une ferme, « Les Grezze », et vivent modestement mais décemment du fruit de leurs récoltes.
Angèle est une enfant gaie. Elle aime prier et s’attache à Jésus, son « unique trésor ». Hélas, la première partie de sa vie, heureuse, est de courte durée. En quelques mois, l’adolescente perd ses parents et l’une de ses sœurs. Après ces deuils, vers l’âge de 16 ans, son oncle et sa tante, les Biancosi, la prennent chez eux à Salò, ainsi que l’un de ses frères. Elle y partage la vie quotidienne de son cousin Barthélémy. Pour Angèle, c’est un changement de vie. Elle connaît désormais une vie citadine plus aisée : les gens de la bourgeoisie passent beaucoup de temps à se parer et à faire la fête. Angèle, pleine de vie, et aussi décrite comme jolie et possédant un belle chevelure blonde qui ne manque pas d’attirer les réflexions de ses amis : « Avec ces cheveux là, elle n’aura pas de mal à se trouver un mari ! » Ce que son oncle et sa tante lui souhaitaient.
Mais Angèle a déjà entendu l’appel de Dieu, et elle préfère passer son temps avec le Christ, dans la prière et une vie simple, plutôt que de s’adonner aux plaisirs mondains. Elle retourne, pour un temps, à la ferme familiale des Grezze. C’est pendant qu’elle travaille, au lieu-dit « Brudazzo », qu’elle reçoit sa vocation. Angèle voit une échelle élevée vers le ciel et des jeunes filles qui montent et descendent. Dieu lui révèle qu’elle fondera un jour une nouvelle famille religieuse qui rassemblera des femmes pour accomplir une mission dans l’Eglise.
A 18 ans, afin de pouvoir se consacrer au Seigneur librement et d’être admise régulièrement à la table eucharistique (fait rare à cette époque), elle demande à entrer dans le Tiers-Ordre de Saint-François d’Assise, et devient Sœur Angèle. Elle travaille, prie, participe à la Messe et communie le plus souvent possible. Elle jeûne et mène désormais la vie simple et au service des autres qu’elle désirait.
En 1516, ses supérieurs franciscains l’envoient à Brescia pour une mission de consolation : Catarina Patengola a perdu son mari et ses fils à la guerre, et perd goût à la vie.
Angèle reste deux ans chez Catarina, puis, celle-ci rétablie, quitte la maison mais décide de rester à Brescia. Elle accepte l’hospitalité d’un certain Antonio Romano chez qui elle habitera pendant 14 ans. La petite pièce où elle demeure lui permet de recevoir librement tous ceux qui viennent lui demander conseil. « Sa chambre ne désemplissait pas », dira-t-on. La réputation d’Angèle grandit : elle accompagne, console, apaise les colères, réconcilie, conseille même des théologiens qui viennent l’interroger... Tous, trouvent auprès d’elle un accueil chaleureux, humain et plein de charité.
Angèle entreprend plusieurs pèlerinages. En 1524, elle part à Jérusalem avec un groupe de pèlerins. Pendant la traversée, elle est atteinte d’une infection aux yeux. En Terre Sainte, on doit la guider. Pourtant, le pèlerinage est pour elle la source d’une grande grâce : c’est au pied du calvaire, qu’elle commence dans son cœur, à devenir la mère de cette nouvelle famille religieuse que Dieu lui montrée un jour... Pour Angèle, et pour ses filles après elle, la Passion et la Résurrection du Seigneur, seront au cœur de leur spiritualité. Pendant le retour, en Crète, Angèle guérit soudainement.
Elle fait ensuite d’autres pèlerinages : Ne pouvant plus aller à Jérusalem, elle va deux fois à Varallo, un lieu où l’on construit des petites chapelles dans la montagne. Des scènes de la vie du Christ y sont représentées, pour les Chrétiens dans l’impossibilité de se rendre en Palestine.
En 1525, elle part à Rome à l’occasion de l’Année Sainte. Elle rencontre un Prélat dont elle a fait la connaissance en Terre Sainte. Celui-ci lui propose une audience avec le Pape, Clément VII. Fille de l’Eglise, Angèle accepte. Le Saint-Père lui demande de rester à Rome. Mais elle s’excuse : c’est à Brescia que Dieu l’attend. Clément VII comprend et la laisse partir.
De retour à Brescia, Angèle continue sa vie de prière, d’accompagnement humain et spirituel. Elle est disponible à chacun. Le duc de Milan aussi, François Sforza, lui demandera d’être sa mère spirituelle.
En 1529, la guerre oblige beaucoup de monde à fuir. Angèle part à Crémone. Là, elle ne cesse de recevoir pauvres et riches, nobles et servantes. A son retour à Brescia, elle loge un temps chez Agostino Gallo. Puis, dans une chambre près de l’église Ste Afre.
Mais le temps passe et elle n’a toujours pas réalisé ce que le Seigneur lui a demandé dans sa jeunesse. Elle se sent alors pressée intérieurement d’accomplir sa mission : fonder une « Compagnie » de femmes qui veulent se consacrer au Seigneur. Elles vivront leur consécration sans se retirer de leur lieu de vie. Là où elles seront, elles vivront leur vie de prière et seront attentives aux besoins des autres. Angèle ne donne aucune consigne d’apostolat particulier à ses filles dans ses Ecrits.
Régulièrement, elles se retrouveront pour vivre l’Eucharistie, se rencontrer comme des Sœurs et s’aider à vivre leur consécration.
Angèle qui aime beaucoup Ste Ursule, une martyre du 4ème siècle particulièrement populaire à cette époque, la donne comme patronne à sa fondation.
C’est le 25 novembre 1535 que les 28 premières jeunes filles qui le désirent, participent à la Messe, puis dans un oratoire, se donnent au Seigneur, sans prononcer de vœu public, mais en inscrivant simplement leur nom dans un registre : C’est le jour de la fondation de la Compagnie de Sainte-Ursule.
La transformation de la Compagnie en Ordre religieux, après le Concile de Trente (1545-1563), a obligé les filles d’Angèle à entrer dans des cloîtres. Apostoliques, elles ont continué d’être apôtres en devenant éducatrices. Héritières de la « pédagogie » d’Angèle, qui excellait dans l’art d’accueillir et de conduire chacun, les Ursulines ont su alors devenir des formatrices à travers les siècles, et spécialement au service de la jeunesse, selon la mission que l’Eglise leur a confiée.
Angèle meurt le 27 janvier 1540. Elle est canonisée le 27 mai 1807, par Pie VII.
Aujourd’hui, Angèle a de nombreuses filles à travers le monde qui vivent de différentes façons :
Ordre religieux, monastères autonomes, Unions, Fédérations, Institut séculier...
Des laïcs, depuis quelques décennies, ont fait le choix, de vivre du charisme d’Angèle Mérici. Ils s’appellent « Associés », et demandent aux Ursulines de leur transmettre la spiritualité méricienne, afin de vivre l’Evangile à la manière d’Angèle.
Un grand merci à Soeur Marie-Thérèse Masset de cette très sympathique communauté et rédactrice de cet article.