Jeanne-Françoise Fremiot, agée de vingt ans, fut donnée en mariage au baron de Chantal. Dieu donna de nombreux et charmants enfants à ces époux ; rien ne manquait à leur bonheur, quand une catastrophe épouvantable vint le briser : le baron fut blessé à la chasse, par accident, de la main d’un de ses amis, et mourut pieusement quelques jours après. Jeanne avait vingt-huit ans ; elle reçut le coup terrible sans faiblir et fit à Dieu, à l’instant même, le voeu de chasteté parfaite, se traça un plan de vie austère, se vêtit sans luxe, porta le cilice et se donna tout entière à sa sanctification et à l’éducation de ses enfants.
Dieu lui fit bientôt rencontrer saint François de Sales, à Dijon même ; dès lors elle se mit sous sa direction, et sa vie s’éleva rapidement à une perfection supérieure : "J’ai trouvé à Dijon, pouvait dire le Saint, la femme forte, en Mme de Chantal."
Après avoir montré au monde le modèle de la mère chrétienne, Dieu va faire éclater en l’illustre Sainte le modèle sublime de la perfection religieuse. Elle devint fondatrice de l’Ordre de la Visitation. La séparation fut pour elle un sacrifice sublime ; il lui fallut résister aux larmes de son fils aîné, qui s’était couché sur le seuil de la porte, criant : "Maman, ne me quittez pas !".
Elle en vint à faire le voeu de choisir toujours ce qui lui paraîtrait le plus parfait. L’amour de Dieu possédait son âme au point qu’elle n’en pouvait supporter l’ardeur. "Ah ! disait-elle, si le monde connaissait la douceur d’aimer Dieu, il mourrait d’amour !".