Le « Fils de l’Homme » est le titre que Jésus a employé le plus souvent pour se décrire à ses contemporains (plus de 80 fois). Apparemment, il est le seul à avoir utilisé cette expression mystérieuse dans l’Évangile.
Par cette dénomination, Jésus voulait affirmer à ses disciples sa double origine divine et humaine : « Le Fils de l’Homme » n’est pas seulement « un fils d’homme », il est aussi « Fils de Dieu ». Il dévoile un mystère que les théologiens appelleront plus tard « l’union hypostatique » : c’est-à-dire que Jésus est vrai Dieu et vrai homme. Son existence, à la fois éternelle et temporelle, est entièrement contenue dans cette expression.
Le Christ est entré dans l’existence humaine sous une forme qui n’était pas naturelle pour lui, en tant que Fils de Dieu. Le fait d’assumer la nature humaine était une humiliation, un dépouillement, une réduction de sa gloire. Sa passion et sa mort furent les conséquences logiques de cette humiliation. En tant que Dieu, il ne pouvait pas souffrir. En tant qu’homme, si.
Et pourtant, on dirait que Jésus est fier de ce titre, qu’il affecte de se le donner. Mais il tient à ne jamais le séparer de sa filiation divine ou des privilèges de sa divinité. Il nous dit que « le Fils de l’Homme a le pouvoir, qui n’appartient qu’à Dieu seul, de remettre les péchés » (Mt 9, 6) ; Dans sa conversation avec Nicodème, il affirme : « Personne n’est jamais monté au ciel hormis celui qui en est descendu, le Fils de l’Homme dont la demeure est au ciel. Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils Unique » (Jn 3,16). Nous voyons qu’aussitôt après que ses disciples l’ont proclamé le Christ, Fils de Dieu, il leur annonce que ce Christ, « Fils de l’Homme », devra souffrir, « qu’il sera mis à mort, mais qu’il ressuscitera le troisième jour ». (Mc 8, 31)
Nulle part, peut-être, le Christ n’a dans ses paroles, associé avec plus de force et de netteté sa qualité d’homme à celle de Dieu qu’aux jours de sa passion. Le voici traduit devant le tribunal du grand prêtre juif Caïphe. Celui-ci, au milieu de l’assemblée, met Jésus en demeure de dire s’il est le Fils de Dieu. « Vous l’avez dit, répond Jésus, je le suis ; de plus, je vous le dis, vous verrez le Fils de l’Homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel » (Mt 26, 64). Notez que Jésus ne dit pas « Vous verrez le Fils de Dieu », mais « le Fils de l’Homme » : En présence du tribunal suprême, il joint ce dernier titre à celui de sa divinité ; pour lui, ces deux titres sont inséparables, comme sont indissolublement unies et inséparables les deux natures sur lesquelles ils se fondent. On ne pèche pas moins en rejetant l’humanité de Christ, qu’en niant sa divinité.