Notre imagination n’est pas avare de questions. La résurrection de Jésus nous laisse entrevoir un " autre monde". Mais ce monde demeure " incompréhensible " sur bien des aspects. Il n’est pas la réplique de notre monde actuel, il est " au-delà "...
" Pensez-vous que Dieu n’a pas de quoi le vêtir ? ", répondait Jeanne d’Arc, lors de son procès, quand on lui demandait si l’Ange était habillé. C’est un peu la réponse qu’il faudrait faire à beaucoup de nos questions pratiques sur la vie au Ciel.
Mais attention à ne pas passer à côté de l’essentiel.
Au temps de Jésus, les Sadducéens, groupe religieux parmi les Juifs de l’époque, se posaient eux aussi des questions . Et ces questions sur la Résurrection étaient tellement incongrues, qu’ils ne parvenaient pas à s’ouvrir au message essentiel de Jésus... Leur curiosité et leur rationalisme les ont conduits à un " blocage " spirituel. Les modalités physiques de notre résurrection sont un point sur lequel Jésus n’a pas soulevé complètement le voile, tout en nous donnant suffisamment d’indications pour que notre pensée ne s’égare pas. Il y a une chose dont nous pouvons être certains : Dieu nous donnera le meilleur !
Le Ressuscité de Pâques, un " prototype "
Pour affirmer quelque chose de notre propre résurrection, il nous faut regarder Jésus Ressuscité. Un peu comme un " prototype ". Mais n’oublions pas que cette résurrection a lieu dans un monde qui n’a pas encore été "recréé", comme cela sera le cas pour la nôtre. Elle s’adapte donc d’une certaine façon à ce monde-ci. Il s’agit "d’apparitions ", c’est-à-dire de moments où le Ressuscité se donne à voir à des témoins.
L’invisible se fait visible, pour une part seulement, car nous ne sommes pas entrés dans les dimensions
de l’éternité.
C’est pourquoi les manifestations du Ressuscité de Pâques sont à la fois dans la continuité de ce monde et sans rapport avec notre expérience commune. Il est à la fois le même et ouvr sur une autre réalité.
Il doit insister auprès de ses disciples pour leur montrer que c’est bien lui, Jésus, à nouveau vivant (Luc ch 24, v 39 à 43). Les premiers disciples ont du mal à le reconnaître. Il leur faut un certain temps d’accommodation et un certain regard de foi :
la vision naturelle ne suffit plus...
Mais son corps garde les marques de sa Passion, les traces de son histoire. Il peut poser les actes de la vie physique (manger, boire), mais il n’est plus soumis à ses lois : il apparaît et disparaît, traverse les cloisons (Evangile selon saint Jean ch 19, v 20), est affranchi des limites d’un corps mortel. La gloire le transfigure.
La " création nouvelle "
Cette expérience du Ressuscité peut nous éclairer sur le statut de notre corps de ressuscité. Actuellement, notre âme existe avec un corps lié aux conditions de la vie terrestre. Il a ses limites et ses imperfections naturelles, il est marqué par la maladie, la souffrance et la mort, liées au péché (cf. Question 7)
Dans la création nouvelle, il y aura une parfaite transparence des corps aux âmes sanctifiées et glorifiées. Nos corps auront la beauté de notre sainteté. Plus nous serons saints, plus nous serons beaux, mais d’une beauté dont nous n’avons aucune expérience en ce monde. Une beauté que la Transfiguration de Jésus sur le Mont Thabor nous laisse entrevoir (Évangile selon saint Matthieu, ch 17, v 2).
Notre corps ressuscité sera vraiment le nôtre, personnel, un corps à nul autre pareil, dans sa singularité extrême, le corps qui est partie intégrante de notre personne. Ce qui sera le plus personnel en lui, c’est l’amour de charité qui l’aura façonné sur cette terre et qui lui donnera son visage d’éternité. Il aura perdu toutes les séquelles du péché par lesquelles les hommes se ressemblent. Transfiguré par l’Amour, il sera d’autant plus différent des autres corps qu’il incarnera l’amour unique, l’histoire unique, dont aura été tissée sa vie terrestre.
" Cette rénovation mystérieuse qui transformera l’humanité et le monde, la Bible l’appelle " les cieux nouveaux et la terre nouvelle "... Dans cet " univers nouveau " (Apocalypse ch 21, v 5), Dieu aura sa demeure parmi les hommes. " Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé. " (Apoc. 21, 4).
Voilà aussi comment le Catéchisme de l’Eglise catholique (N° 1044) décrit la vie après la résurrection : " Dans cet "univers nouveau", la Jérusalem céleste, Dieu aura sa demeure parmi les hommes... "